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2012 ou la peur des sectes…

Source originale : https://touchersensible.wordpress.com/2012/12/04/2012-ou-la-peur-de-la-secte/

Calendrier maya, disque de ChinkulticEn cette fin d’année 2012, je suis constamment sollicitée pour m’exprimer au sujet de la supposée « fin du monde » annoncée par les Mayas. Que se passera-t-il le 21 décembre 2012? Qu’en ont réellement dit les anciens Mayas?

Internet, les médias, la mystérieuse « prophétie maya », tout contribue à faire tourner en boucle l’imaginaire et envisager des scénarios en tout genre.

C’est le moment idéal pour me demander mon avis de spécialiste du calendrier maya. Je me retrouve alors à expliquer que, contrairement à la rumeur qui court, aucune prophétie n’a été écrite au sujet du 21 décembre 2012 par les Mayas précolombiens. Selon le calendrier maya, cette date clôture la fin d’un immense cycle et marque le début d’un nouveau cycle. Tout simplement. Il n’a jamais été question d’Apocalypse ou de fin du monde.

Au-delà de la curiosité que suscitent les Mayas et cette supposée prophétie, ce qui m’interpelle quand on me contacte, c’est cette idée qu’en tant que docteur en anthropologie sociale, mon discours scientifique va permettre de rétablir la vérité sur la question, en balayant toutes hypothèses et croyances farfelues à ce sujet. Par farfelues, on entend ésotériques, voire sectaires ou illuminées. Là pour le coup, cette posture me fait sourire car, même si j’ai un parcours académique et universitaire, mon chemin de vie a fait que je ne suis pas du tout cette personne cartésienne et rationnelle que l’on croit que je suis.

Je me retrouve alors dans cette posture assez étrange où mes employeurs pensent qu’en tant que « scientifique de formation », non seulement je vais rétablir la vérité sur le 21 décembre 2012, mais qu’en plus de cela, je parte dans une sorte de croisade à l’encontre des discours et croyances irrationnelles qui gravitent autour de cette date. Ce qui ne m’intéresse guère. Parfaitement d’accord pour expliquer le pourquoi du comment le calendrier maya n’a jamais annoncé la fin du monde pour le 21 décembre 2012, mais pas pour rentrer dans une polémique anti-secte. Ce n’est pas mon propos.

Certes, le phénomène 2012 soulève de nombreuses peurs, mais les supposées « sectes » en sont-elles les seules responsables? N’oublie-t-on pas la part incontestable des médias, journalistes, réalisateurs de film à grosse production et internet, dans la construction de ce phénomène de société? Qui manipule qui? Je me le demande!

Le fait est que les « sectes » ont mauvaises presse. Plus encore quand on parle d’Apocalypse. Les suicides collectifs des années 80-90 ont fait assez parler d’eux pour que l’on ait des raisons de s’inquiéter. Mais s’inquiéter de quoi? Au pays de la laïcité, la Science est la voix de la Vérité. En France, tout discours  ésotérique ou spirituel a tôt fait d’être taxé de sectaire. Avec toutes les peurs que cela suscite…

On me cite souvent comme exemple la petite ville de Bugarach, dans l’Aude, et de son maire qui se retrouve complètement dépassé par la venue de tant d’étrangers souhaitant échapper à l’Apocalypse annoncée pour le 21 décembre. Mais est-ce plus inquiétant que ces promoteurs immobiliers américains qui vendent une fortune des bunkers souterrains pour échapper à la catastrophe?

Quand l’imaginaire s’emballe, chacun cherche la solution qui lui convient. Solutions qui dépendent des croyances de chacun. C’est bien là le coeur du problème: les croyances… Personne ne sait (y compris les Mayas) ce qu’il se passera le 21 décembre 2012, pas plus que pour le nouveau cycle qui s’annonce. C’est toute la question de notre rapport au temps, et de la nécessité de nous projeter dans l’avenir que soulève le phénomène 2012.

Avant de préjuger qui est à l’origine des peurs apocalyptiques de cette fin 2012, peut-être pouvons-nous nous interroger sur notre peur de l’avenir et sur l’impact que nos croyances ont sur la réalité que l’on choisit de vivre. Comment sera l’après 2012? Nous avons deux façons de l’envisager. Craindre le pire en vivant constamment dans la peur  (nous sommes dans un monde en crise ne l’oublions pas!), ou choisir de construire un monde meilleur, un monde plus équilibré où l’on vivrait en harmonie les uns avec les autres. En harmonie avec la nature, en harmonie avec ce qui nous entoure. Un monde de paix. Ca vaut la peine d’y croire, vous ne trouvez pas?

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