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Le monde de l’égo

Source originale : https://touchersensible.wordpress.com/2012/12/19/le-monde-de-lego/

GuanajuatoHier, je suis allée sur les plateaux de télé d’Arte pour participer à une émission autour de l’Apocalypse et de 2012. J’étais invitée en tant que spécialiste du calendrier maya.

C’était très étrange pour moi de me retrouver dans ce monde, moi qui ne regarde plus la télé depuis 10 bonnes années… Quand on m’a contacté, j’ai quand même choisi d’y aller car je trouvais qu’il était important d’informer les gens qu’il n’y a pas de prophétie maya qui parle du 21 décembre 2012.

C’est ce que je fais déjà par moi-même, depuis plusieurs mois, via les conférences que je donne et une interview vidéo que j’ai mise en ligne sur mon site internet. Je me disais qu’en passant à la télé, ce serait une bonne occasion pour moi de faire passer ce message à un plus grand nombre de personnes.

Sauf que la réalité est tout autre, et que je suis ressortie de l’émission avec la désagréable impression de ne pas avoir eu mon mot à dire. Bien sûr, la journaliste m’a donné la parole, mais ça n’avait rien d’une véritable discussion. Elle me la donnait pour que je dise ce qu’elle souhaitait entendre. Rien de bien étonnant me direz-vous, c’est le propre de la télé et des médias, un discours préformaté sous couvert d’une pseudo liberté d’expression. Une information archi-contrôlée et un temps de parole proportionnel au degré de célébrité des intervenants… Le savoir c’est une chose, mais le vivre et en faire l’expérience par soi-même, c’est autre chose.

Avant d’entrer sur le plateau télé, l’assistante à la rédaction nous avait soufflé d’avoir une discussion animée, que c’était plus vivant si on entrait dans un vrai débat en se coupant la parole et en s’interrompant les uns les autres. Ce qu’aucun d’entre nous n’a fait et que je ne regrette pas du tout. Quel intérêt aurions-nous eu à nous couper la parole et à imposer notre propre discours devant les caméras, alors que quelques minutes auparavant nous avions des échanges tout à fait cordiaux et intéressés dans la loge? Paraître le plus intéressant? Le plus cultivé? Le plus brillant?

Un vrai combat de coq! Au pays de la télé, les égos règnent en maître… Jouer à prétendre, lisser son image, s’écouter parler. Mais où sont passés les vrais humains dans tout ça? Qui existe derrière les masques et le culte que l’on voue à la personnalité? A la sienne, et à celle des autres, qui brille tant qu’on a vite fait de la placer sur un piédestal. On se compare à l’autre, on se juge, on s’examine sans cesse. Suis-je en dessous ou au-dessus de lui? Question primordiale… qui en dit long sur notre incapacité à entrer en relation, dès qu’on reste au niveau des jeux de pouvoir.

Dans le monde de l’égo, ce n’est pas avec l’humain et la personne que l’on a en face de nous qu’on interagit, c’est avec sa position hiérarchique! Degré d’autorité qu’on lui attribue le plus souvent inconsciemment. Si influencés que nous sommes par les croyances et les codes que la société et notre éducation nous ont inculqués, et que nous n’avons pas pris le temps de reconsidérer.

Et pourtant qu’il est bon de nous libérer de nos chaînes! De sortir de l’isolement dans lequel nous nous enfermons nous-mêmes à vouloir à tout prix être quelqu’un de « spécial ». De nous conformer à une image idéalisée de nous-même, au lieu de tout simplement nous laisser être. Etre qui nous sommes. Parfaits car uniques au monde! L’autre est tel qu’il est, et il a sa place autant que moi.

En arrêtant d’alimenter la construction de mon égo, de ma personnalité, je m’autorise enfin à être qui je suis. Dans toute la force et la beauté de mes fragilités. Vivre dans le monde de l’égo, c’est vivre dans un monde hostile, perpétuellement sur la défensive, prêt à répondre aux attaques potentielles. On s’étouffe soi-même dans une coquille de protection. On lutte jusqu’à épuisement pour trouver notre place dans la société, au travail, dans notre famille. A quoi ça rime?

N’existe-t-on pas déjà? Quel besoin avons-nous de vouloir créer autre chose que ce que nous sommes déjà? Qui suis-je? Ce que l’autre dit de moi? Ce que je pense de moi? Ou tout autre chose?? Là est la vraie et unique question. C’est quand on s’autorise à y répondre, en se laissant tout simplement être, que les portes du bonheur s’ouvre…

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