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Lettre du 18 Septembre : Le chevalier et le dragon

Mes amis, mes compagnons

 

Mes mains tremblent encore du combat acharné que je viens de vivre, au moment où je vous écris ces lignes. Mon être est empli de joie et de fierté. Je me rends compte maintenant que je ne vous en ai pas donné la raison. Mes amis, JE SUIS CHEVALIER !

Comment est-ce possible me direz-vous? Comment un simple marin, affrontant les éléments, rêvant d’aventure et espérant être témoin de la bravoure de ses camarades, peut-il être fait chevalier ?

Vous souvenez-vous de cette grotte dont je vous parlais dans ma précédente missive ? Alors que je me trouvais dans le camp cette nuit-là, le même songe ne cessait de me réveiller. Deux petits yeux brillant au creux d’une obscurité abyssale, une voix familière grondant tels les roulements d’un orage. Et cette phrase qui à chaque fois me glaçait le sang, qui pourtant piquait ma curiosité : « Tes peurs grondent, viens ! L’heure est venue ! ».

Alors que la nuit n’était éclairée que par cette lune blafarde, et que tous dans le camp étaient assoupis. Je savais que je devais retourner et pénétrer dans cette grotte. Au fur et à mesure de mes pas, le souffle puissant et régulier, émanant des entrailles de la Terre se faisait plus présent. Avant même de m’en rendre compte j’étais sur le point de m’immiscer dans cette cavité peu accueillante. À cet instant je sus que jamais plus je ne serais le même.

Alors que reçu aveugle par cette noirceur insoutenable, je m’enfonçais de plus en plus profondément. Guidé par le seul son du souffle de cette bête qui m’attendait.  Quand soudain ils étaient là ! Ces deux yeux brillants, ceux de mon rêve. Et l’instant d’après dans une lueur infernale d’un jet incendiaire et avec une agilité surnaturelle, se dressait devant moi moi un dragon immense. Cette montagne d’écailles, de cross et de feu s’est adressé à moi dans ces mots : « Enfin te voilà !  Le temps est venu… ». Et avant-même qu’il ait pu terminer sa phrase, avec une force qui jusque là m’était inconnue. Je me suis jeté à l’assaut de ce monstre ! Un coup, deux, dix, cent, mille, rien n’aurait pu changer l’issue de ce combat. Plus je frappais, plus je m’épuisais comme si chacun des coups portés à la bête, ne faisait que moi aussi m’affaiblir.

Résigné, je déposai les armes au sol ; un genou à terre je dis au dragon qui me fixait attentivement : « Je ne puis te vaincre. Tu es trop grand, tes crocs sont trop affûtés, ta chaire est trop dure. Fais de moi ce que tu veux. »

Quelle ne fut pas ma surprise quand en retour de cette abdication, il me dit :  « Mais pourquoi veux-tu me vaincre ? Cela fait bien longtemps que je t’attends, seul dans le noir. Je n’aspirais qu’à rejoindre la lueur du jour. Il fallait pour cela que tu viennes me chercher. Tu es mes yeux, je suis ta fosse. Je suis ta cuirasse, tu es mon cœur. »

C’est ainsi qu’à peine quelques heures plus tard à la sortie de cette grotte, accompagné de mon dragon, mon amiral faisait de moi un chevalier de l’ordre des héros.

Quelle fierté ! Quelle Joie !

 

Je vous dis à très bientôt, je vous souhaite bon vent ! Que votre aventure soit aussi riche que la mienne.

Gauthier

 

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