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Rose 68

Source originale : http://www.semera.fr/le-blog/subir-ou-choisir/rose-68

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Jean-Gabriel Causse* explique dans le numéro 16 de Maison Française Magazine que le rose est peut-être associé aux filles depuis les années 1780 où « Marie-Antoinette en usait et en abusait dans son Petit Trianon à Versailles [fusion_builder_container hundred_percent= »yes » overflow= »visible »][fusion_builder_row][fusion_builder_column type= »1_1″ background_position= »left top » background_color= » » border_size= » » border_color= » » border_style= »solid » spacing= »yes » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » padding= » » margin_top= »0px » margin_bottom= »0px » class= » » id= » » animation_type= » » animation_speed= »0.3″ animation_direction= »left » hide_on_mobile= »no » center_content= »no » min_height= »none »][…]. Et comme la belle blonde était connue pour ses frasques amoureuses, les hommes de la cour n’osaient plus porter cette couleur, de peur de passer pour « un peu trop proches » de la reine. Les femmes de Paris, pour qui Marie-Antoinette symbolisait la mode absolue, adoptèrent en masse cette couleur, et les hommes, eux, l’abandonnèrent. »

C’est dommage car M. Causse met aussi en avant les apports du rose sur notre mental. Quand nous regardons cette couleur, nous activons les mêmes zones du cerveau que lorsque nous ressentons du bonheur.
Il aura fallu attendre plusieurs dizaines d’années pour que les hommes osent porter de nouveau du rose ! Les conventions ont la peau dure.

 

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J’aime cet exemple car il traduit parfaitement une notion importante pour notre développement : reconnaître les croyances qui nous figent. N’oublions jamais que la nouveauté agit comme un anti-dépresseur et qu’elle est souvent à portée de main ; mais les habitudes …
Des milliers d’hommes n’ont pas porté de rose par convention sociale sans même savoir d’où cette convention provenait.

 

 

 

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Je mets en parallèle cet article sur le rose avec « L’Enfance captive » de Jean-Claude Dorchies (Ed. Riffle Nord) que je lis en ce moment. L’ouvrage raconte l’enfance d’Edouard, rythmée par les conventions sociales, justement, pendant la décennie qui suit la seconde guerre mondiale.
L’auteur décrit le quotidien avec une minutie qui va bien au-delà de la conception que je me faisais du détail, c’est tout simplement prodigieux.

Les quelques fois où j’ai essayé de comprendre le pourquoi de mai 1968, on m’a répondu « Contre l’ordre établi ». Et c’était abstrait pour moi, je n’étais pas plus avancée. « L’Enfance captive » me fait toucher du doigt ce que les soixante-huitards signifiaient par « l’ordre établi ».
C’était cet immense registre de conventions sociales que tout le monde appliquait, subissait. Et puis il y a eu une génération qui n’a plus supporté ce carcan.

Jean-Claude Dorchies nous fait remonter le temps, nous emmène dans un univers figé, contraint, empli d’obligations qui existent par elles-mêmes, chacun se mettant la pression par le regard des autres, eux-mêmes sujets à des obligations identiques :

– passer chez tels membres de la famille, tels voisins, tels amis à des dates précises du calendrier.

– avoir une pièce de la maison qui sert de faire-valoir, avec ses meubles qui en imposent, mais où personne ne va jamais, hormis fête de famille.

– posséder un service de table ultra-complet utilisé aux grandes occasions et dont quelques éléments ne serviront jamais.

– acheter des gâteaux à la pâtisserie, le dimanche uniquement mais tous les dimanches.

– faire la tournée des cimetières, avec un protocole réglé comme une pendule.

– répéter les mêmes phrases, toujours les mêmes phrases aux enfants : « Ne touche pas. » « Ne gaspille pas. » « Tiens-toi bien. »

– etc.

 

 

 

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Il est certain que le virage pris, ne le fut pas à 90°, mais à 180° : Ces jeunes de mai 68 étaient épris de libertés individuelles. La nature ayant horreur du vide, les médias et le marketing ont pris, main dans la main, la place laissée vacante et nous font croire que nous ne pouvons pas vivre normalement sans écrans, sans être à la mode, sans offrir les jouets derniers cris aux enfants, etc.

D’autres temps, d’autres croyances mais toujours des obligations car « les autres le font ».

 

Récemment, on s’étonnait que je ne choisisse pas blanc pour repeindre un plafond. « Pourquoi pas ? » ai-je demandé. « Bah, d’habitude tout le monde peint le plafond en blanc. »

On n’a pas fini de chercher à être libre.

 

Plus de pistes…
…pour tous :
Par-delà ces croyances qui nous font nous comporter comme des moutons, le sentiment d’appartenance est un besoin tout à fait légitime. Ce ne serait pas forcément bon signe, de systématiquement vouloir faire différemment des autres, et ce serait probablement révélateur, au final, d’une autre croyance !

Et si nous prenions un moment pour discerner quand nos choix proviennent d’abord d’un besoin d’appartenance à un groupe ou quand ils correspondent d’abord à l’expérience que ce choix est bon pour nous (les deux sont heureusement compatibles mais amusez-vous à voir ce qui vient en premier).

…pour les parents :
Essayez d’aborder ce point avec vos enfants de plus de sept-huit ans. Exemple : Va-t-il (elle) à cette fête d’anniversaire parce qu’il (elle) s’en fait une joie ou parce que tous les copains sont invités donc il (elle) se sent obligé(e) ? N’allez pas plus loin, il s’agit juste de percevoir des ressentis.

Vous pouvez aussi partager avec votre enfant une situation qui vous est arrivée. Exemple : « Tu vois, tous les voisins ont une tondeuse à gazon alors j’en ai achetée une aussi, sans vraiment réfléchir, par mimétisme. En fait, je me rends compte que nous avons beaucoup moins de surface gazonnée qu’eux. Cet achat n’était pas indispensable. »

 

* M. Jean-Gabriel Causse est membre du comité français de la couleur, auteur de « L’étonnant pouvoir des couleurs » (Ed. du Palio).

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