Mon fils aime porter des chaussettes dépareillées.
Parfois c’est lui qui assemble ses chaussettes propres quand elles ont fini de sécher. Parfois, c’est moi.
Dans mon cadre de référence, il doit cependant y avoir une harmonie de couleurs, c’est évident. Comme c’est une donnée de départ pour moi, je ne l’interroge pas.
Hier matin, j’appaire les chaussettes de mon fils et m’aperçois qu’il me reste une chaussette grise unie et une chaussette bleue à motifs. Je me dis que c’est forcément une erreur. Je regarde dans l’armoire et vois une paire identique à celle que je viens de créer dans la contrainte. C’est forcément une erreur, j’ai dû laver une chaussette puis dans une autre lessive une autre donc mon fils a été contraint de réaliser cette paire disharmonieuse.
Je sépare des paires qui étaient déjà rangées pour ne constituer que des paires dépareillées mais dans les mêmes nuances.
Quelques minutes plus tard, mon fils s’habille et m’interpelle :
« C’est toi qui a changé mes paires de chaussettes ?
– Bah oui, ça n’allait pas du tout ensemble.
– Mais non, c’était très bien.
– Quand les chaussettes restent dans les mêmes tons, ça va. Mais là c’était hard !
– Quand je mets des chaussettes de couleurs différentes, je ressens la même chose au niveau de mes pieds. Si je mets des chaussettes d’épaisseurs différentes, là c’est hard, c’est très inconfortable.
– Ah oui, ok ! Donc c’est ça qui est « hard ».
Esprit vaste et esprit petit, dit le Bouddhisme.
Combien de fois ai-je constaté que, partant d’une certitude, je ne m’interrogeais nullement et me privais d’une multitude d’éléments dont j’avais pourtant besoin pour dénicher la vérité ?
Nous n’avons que rarement (jamais ?) absolument tous les éléments, donc nous ne pouvons pas accéder facilement à la vérité. Mais justement ! Si nous ne faisons aucune recherche, nous sommes alors très loin de la vérité, nous sommes même peut-être dans une obscure impasse !
Il nous arrive ainsi d’avoir des conclusions hâtives, d’arrêter telle position sur tel sujet alors qu’un peu de temps, un peu de recul nous allouerait davantage de souplesse, d’intelligence.
Nos préférences, nos croyances réduisent notre champ de vision.
En faisant un pas de côté et en ouvrant nos fenêtres intérieures nommées certitudes, nous pouvons participer à plus de paix sur terre.