[fusion_text]Mes amis, mes compagnons
Cette lettre à pour moi une saveur toute particulière. Entre ciel et mer, je vais tenter de vous retranscrire au mieux les « rencontres » que j’ai faites, il y a de cela quelques jours. Pour que vous cerniez bien les circonstances, de ces entrevues et peut-être tenter d’expliquer ces bizarreries ; que je vous assure n’avoir pas pu expliquer moi-même. Tout ceci débuta par un réveil des plus brusque ; alors que nous naviguions et que je me trouvais plonger dans un sommeil de plomb, notre navire se mit à tanguer dangereusement. Il me fallut quelques secondes pour percevoir l’urgence de la situation. Une tempête soudaine et violente nous battait de ses rafales impitoyables, des tombes de pluie se déversaient sur le pont. Je me précipitais, accompagner de l’équipage pour rabattre les voiles. Chacun occupant son poste, nous nous exécution. Pour ma part, je me trouvais responsable du foc. C’est alors que ma tâche presque menée à son terme, une vague me fit passer par-dessus bord.
Telle la force implacable de la fatalité, je me trouvais maintenant tantôt au creux de vagues faisant de moi leur repas, tantôt au sommet de celle-ci. Chevauchant ces monstres aqueux, implorant leur indulgence. Quelques secondes, quelques minutes, quelques heures se sont écoulées. Je ne saurais vous dire exactement, mais je perdis connaissance ; happé vers le fond mes derniers souvenirs furent ceux de l’eau salée emplissant mes poumons et la tranquillité enivrante qui régnait sous la surface.
C’est avec étonnement que je réveillai sur un récif. Ce ne sont ni les morsures du sel ou même encore la chaleur du soleil de plomb qui me réveilla. En réalité, ce sont des rires, seul perdu sur ce roché inhospitalier ; un enfant dansait, chantait, gloussait. Et avant même que j’aie eu l’opportunité de prononcer quelques mots de ce fut, il me dit : « Danse, chante, tu es en vie ! ». Et en un battement de cil, il disparut ; seuls ses rires m’habitaient encore. Trop épuiser, je restai là attendant la providence. Ce fut à cet instant, à quelques brasses de moi, qu’une femme me glissait ces quelques mots, emplis de douceur et de bonté : « Repose-toi, écoute ton corps, tu ne peux pas continuer sans lui. C’est ton navire ». Elle aussi se volatilisa avant même que je ne puisse comprendre comment elle avait pu se trouver là. Ma dernière rencontre n’en fut pas une au sens propre du terme, alors que je me sentais vacillant. Une voix d’homme me parvint, un de ces solides et volontaire ; elle n’eut que quelques mots concis à mon égard : « Maintenant agit ! Choisis ce que tu désires le plus et mets-toi en chemin ».
À cet instant précis, mon désir le plus impérieux était clair pour moi. Je veux avoir une belle vie, je ne veux pas périr sur ce rocher. En l’espace de quelques instants, tout se mit à changer, le jour devint nuit, le gout salé dans ma bouche n’était plus celui de l’eau, mais celui du sang qui s’écoulait de mon front.
Mon équipage m’expliquait que ma tête percutât le balustre alors que je passais par-dessus bord. Mais qu’heureusement comme à notre habitude nous veillons les uns sur les autres, et donc il ne fallut guère plus de quelques instants pour me repêcher. Cette rencontre n’était alors pour mes amis que le fruit du choc. Cependant encore maintenant il m’arrive d’entendre les rires de l’enfant résonner en moi, la douceur de cette femme me réconforter dans les moments de doutes, ou encore cette voix qui m’assure que je puis réaliser ce que je désire. Au détour d’un instant perdu et d’une rêverie chapardée, je les rencontre encore dans mon être. Nous sommes une famille.
Au vu de ces lignes peut-être me prendrez-vous pour un esprit déranger. Soyez indulgent, j’ai reçu un coup sur la tête tout de même. Pour les autres, vous connaissez lors le bonheur de s’aimer. Je vous dis à très bientôt, je vous souhaite bon vent ! Que votre aventure soit aussi riche que la mienne.
Gauthier
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