Notre vie n’a de sens que si notre action est tournée vers le partage altruiste des cadeaux dont nous sommes les dépositaires momentanés et ceci, quelle que soit la forme des dons que nous avons à partager avec le monde : matériels, talents, connaissances, temps, écoute, compassion…
Nous pourrions objecter qu’il est contre nature de penser de la sorte. Que la construction de nos comportements égoïstes serait le fruit d’un apprentissage qui débute très tôt dans la vie, dès la période de construction de notre égo. Plus loin même : que l’être humain serait génétiquement égoïste. Que c’est un des fondements de la théorie de Darwin sur l’évolution des espèces ! Que dans notre monde seuls les comportements individualistes et compétitifs sont récompensés à court et même à long terme. Et enfin, et surtout, que tout comportement apparemment altruiste est en fait guidé par une motivation intéressée !
Pourtant, comme le démontre brillamment Mathieu Ricard dans son Plaidoyer pour l’altruisme, la nature de l’homme est fondamentalement altruiste, preuves scientifiques à l’appui.
Depuis une trentaine d’années, plusieurs études basées sur des expérimentations scientifiques, tant sur des adultes que des enfants, sont arrivées aux conclusions que les comportements altruistes sont inscrits dans la psychologie humaine. Par contre, à part des essais purement philosophiques ou la vision dominante de la psychologie occidentale qui est celle de l’égoïsme universel, aucune étude scientifique sérieuse n’a à ce jour pu démontrer de fondements égoïstes dans notre matériel génétique ou dans la structure psychologique de l’être humain.
Des tests réalisés en laboratoire par l’équipe du psychologue Daniel Batson, professeur à l’Université du Kansas, démontrent que des sujets placés face à des options égoïstes ou altruistes favoriseront de manière prédictible et répétée un comportement d’altruisme véritable. Par altruisme véritable, Batson entend ne pas tenir compte des comportements altruistes guidés par la peur de perdre quelque chose, l’espoir d’un gain quelconque ou le fait de se soustraire à une situation psychologiquement pénible ou culpabilisante. Il s’agit de comportement où le sujet n’a donc rien à gagner à développer de tels comportements.
D’autres expériences ont été menées avec des bébés en âge de marcher, avec les mêmes conclusions. Les enfants en bas âge démontrent des comportements altruistes, même dans des situations où ils n’en retireront aucun bénéfice pour eux-mêmes.
Si cet altruisme véritable n’était pas logé au fond de nous, comment expliquer que certaines personnes entrent dans un brasier pour sauver des personnes prises au piège des flammes ou sautent à l’eau pour secourir quelqu’un qui s’y noie ?